Claire m'invite, comme elle invite le voyageur de passage, à laisser ses impressions sur son blog.
Koussan, Toumboura, Sansanding, Didé, Talibadji... petits villages de la brousse sénégalaise, vous ne nous avez pas laissés indifférents. Je veux vous le dire. A votre contact, vous nous rappelez la simplicité, la modestie, l'humilité. Vous nous rappelez nos devoirs essentiels et nous vous en sommes reconnaissants. Au beau milieu de cette nature qui cache sa complexité, sa richesse, sous le visage d'une terre résolument plate, nous nous retrouvons ensemble, riches de nos différences. Ce que nous vous amenons est parfois artificiel, futile (voir plus loin dans le texte), ce que vous nous amenez est essentiel, indispensable, profond.
Vous nous avez proposé de vous accompagner dans la création d'une réserve naturelle communautaire, une réserve naturelle dont l'objectif affiché est de ramener la grande faune dans cette zone où elle vivait en équilibre, il y a seulement quelques dizaines d'années.
La transhumance, la chasse, les feux de brousse, le réchauffement climatique et la raréfaction de l'eau ont eu raison de cet équilibre. Sommes-nous capables, ensemble de le restaurer ? Sommes-nous capables, ensemble, d'en faire un véritable vecteur de développement local ? C'est le défi que nous nous lançons ensemble, défi difficile, défi un peu fou, défi enthousiasmant.
Revenons à mon séjour et à l'importation de futilité. N'hésitez pas à rire, ce sera partagé. Du Conseil général de l'Isère que j'ai l'honneur de servir, j'avais ramené pour les écoles des petits cadeaux promotionnels (cartables, stylos, trousses, balles anti-stress, porte-clés...). Je n'évoquerai que très brièvement le porte-clés qui intègre un jeton de caddie de supermarché très utile en brousse, je vous le conseille, essayez-le. Plus utile encore, la balle anti-stress sensée calmer les instituteurs à bout de nerfs. Imaginez-nous (Claire et moi) expliquer, au beau milieu d'un village de brousse, entourés des instituteurs et des élèves, que cette balle a un pouvoir : elle donne une consigne nette, dès que l'instituteur s'en saisit, il faut que la classe tout entière se calme et fasse silence. Essayez, c'est l'adopter !
Et qu'ai-je emprunté à ces communautés ? En vrac, je peux sans hésiter citer le calme, la sérénité, les vraies valeurs de l'accueil, les vraies valeurs de l'eau, l'importance des légumes, la simplicité au quotidien, la modestie, la solennité, les valeurs du rapport au temps, la nécessité, la solidarité, la grandeur...
On ne revient pas tout à fait le même d'une immersion, serait-elle très courte, dans le Boundou ! Merci au Boundou pour tout cela.
En un mot, osez le Boundou, ses villages et sa future réserve ! Imaginez-vous immergés dans ces paysages, imaginez-vous prendre le temps de discuter avec ses habitants. Le voyage sera riche.
Je ne peux pas terminer ces quelques lignes sans évoquer Claire. Claire, tu mérites le respect. Ce travail que nous t'avons proposé, ce travail que tu as choisi, voulu, souhaité, ce travail d'anticipation et d'accompagnement de ce projet un peu fou, tu le réalises avec une telle implication, une telle imprégnation que l'on peut se demander si tu n'avais pas été faite pour lui.
Il faut impérativement associer à ce travail, Doudou Sow, chef de la division faune de l'IREF de Tambacounda et Aboulaye Kante, le guide très éclairé et très impliqué de l'équipe.
Merci à tous les habitants des villages de Koussan, Belly, Toumboura, Sansanding, Didé, Sadatou, Dougué, Goudiry, Sinthiou Fissa,...
Longue vie à la Réserve naturelle du Boundou et que la grande faune y revienne vite.
J'ai d'ores et déjà la conviction profonde qu'il faut créer une association internationale des amis de la réserve du Boundou. Si vous êtes intéressé(e), faites le savoir à Claire et gardez le contact sur son blog, rempli d'informations intéressantes et fourmillant d'humour.
A bientôt au Boundou.
Jean-Guy
| Jean-Guy BAYON |