Pour notre dernier soir de la mission apicole 2011 à Gonguedji, il nous fallait finir en apothéose.
Jacques et Boubacar avaient choisis de s'attaquer à l'énorme ruche de Seckou DIALLO et de bizuter les débutants à l'aide de quelques abeilles farceuses dans les combinaisons. La mise en scène, une sorte de course poursuite nocturne à la Benny Hill avait dû valoir le déplacement !
Mais Jean-Roch et moi avions choisi une autre aventure en demandant à Kemoko de mon montrer comment il récoltait ses ruches traditionnelles. Car si vous vous souvenez bien, Kémoko Cissokho était encore il y a deux ans le seul apiculteur de la réserve, possédant trois ruches traditionnelles construites dans des troncs d'arbres vides. Il nous avait même fait une petite démonstration lors de la mission du SAD de 2009 (voir l'article Un apiculteur traditionnel à Gonguédji ). Mais en plein jour et en utilisant une torche enflamée... des pratiques qui n'existent plus aujourd'hui parmi les apiculteurs du GIE !
Ce soir là donc, à 20h, nous partîmes en compagnie de Kémoko et du grand Tomborong, dont les pas de géants étaient difficiles à suivre dans le noir, en bottes et en combinaison. L'équipement était un peu différent de celui de 2009 : un enfumoir, une combinaison, une torche (électrique !), des gants, des seaux, un couteau, des alumettes et des bouses de vaches (super combustible pour l'enfumoir, testé et approuvé !).
Arrivé à la ruche, Kémoko nous montra les deux trous d'entrée, envahis d'abeilles, à chacun des deux extrémités du troncs. C'était le moment de bien s'arnacher, les abeilles ne tarderait pas à venir voir ce qu'on leur voulait. Une fois tous prêts,Tomborong enfuma l'entrée haute et Kémoko ouvrit la ruche en retirant le couvercle en osier collé à la bouse de vache (mais oui, ça sert à tous la bouse de vache !).
A l'intérieur, les rayons s'étendaient tout le long de la ruche. Etonnant s'il on sait que dans les ruches kenyanes, les abeilles construisent perpendiculairement au grand côté. Enfin bref, pas le temps de faire un cours de géométrie, il fallait contenir les abeilles et commencer la récolte. Kemoko introduisit sa main, puis tout son bras pour en retirer le premier rayon, gorgé de miel. Un très long rayon !
Il continua ainsi jusqu'à ce qu'il ai trouvé du couvain. Il laissa une partie de ce dernier pour que la ruche continue de vivre, mais en apporta une partie au village... car le papa de Kemoko est un grand amateur de couvain ! A l'intérieur, les abeilles se refugiaient au fond : le couvain restant était du côté de l'autre entrée, celle du côté bas.
Puis une fois fini, Kemoko remis le couvercle d'osier, qu'il viendrait coller le lendemain pour s'assurer que la colonie est toujours là. Nous prîmes rapidement le matériel et nous écartâmes de quelques centaines de mètres avant d'enlever les combinaisons. Les abeilles nous suivaient de près, mais dans la nuit nous ne craignions plus rien. Enfin presque, car avoir secoué ma combinaison et retiré tout mon attirail, deux abeilles vinrent me piquer les deux doigts de la main droite qui avaient survécu à l'extraction du miel du matin. Mais comme on dit, ça fait partie du métier ! Et puis d'après Boubacar, il faudrait se faire piquer mille fois pour être immunisé... Eh ben, il va falloir que j'augmente le rythme, car je suis encore loin de la moyenne !
Voilà donc pour cette dernière soirée de récolte. Une belle récolte d'ailleurs, 2 seaux remplis à l'aide d'une seule ruche traditionnelle... ruche que Kemoko aurait déjà récolté il y a deux mois ! Il ne restait plus qu'à rentrer au village en portant notre trésor, et là chacun sa méthode !